Luxation traumatique de rotule
Une luxation traumatique de rotule est une blessure qui se produit le plus souvent au cours d’une activité sportive comme le football, lors d’un mouvement de torsion de genou en valgus (vers l’intérieur) ou d’un choc direct.
Elle touche majoritairement les adolescents et jeunes adultes et particulièrement les adolescentes.
Dans la plupart des cas, le traitement est médical, mais une opération peut être nécessaire en cas de récidives, de lésions associées ou pour corriger des malformations qui favorisent les luxations.
Que ressent-on lors d’une luxation de rotule ?
- Un claquement ou craquement audible
- Une douleur au niveau du genou
- Une position anormale de la rotule
- Une sensation de mobilité anormale
- Un gonflement du genou
- La marche est difficile ou impossible.
Que faire immédiatement en cas de luxation traumatique de rotule ?
Si l’on soupçonne une luxation traumatique de rotule, il faut :
- arrêter immédiatement l’activité
- rechercher des signes de gravité (déformation de l’articulation, hématome …)
- appliquer le protocole P.O.L.I.C.E. [ voir encadré ]
- consulter rapidement un spécialiste,
- si signes de gravité, appeler le 15 ou le 112
Une personne compétente peut tenter de réduire la luxation de rotule (remettre en place la rotule) dans les minutes qui suivent la blessure.
Plus tard, il faudra un traitement de la douleur et des contractions musculaires pour permettre la réduction.
P.O.L.I.C.E. : Protection, Optimal Loading, Ice, Compression Elévation,
un protocole pour les premiers soins des blessures du sport.
Protection
pour éviter d’aggraver les lésions, tout en permettant un niveau d’activité nécessaire pour
favoriser la cicatrisation.
Optimal Loading
mise en charge ou en tension progressive pour stimuler le processus de la cicatrisation
Ice
Glaçage pour ralentir le métabolisme des tissus, diminuer la douleur et le gonflement
Compression
pour prévenir l’oedème et diminuer les saignements au niveau de la lésion : utiliser une bande cohésive, un strapping ou une attelle de genou
Elévation
pour diminuer l’oedème et accoître le retour veineux
remarque : ce protocole évolue selon les étapes de la récupération
Pourquoi faut-il consulter rapidement un spécialiste en cas de luxation traumatique de rotule ?
Même si la blessure semble sans gravité, il est important de consulter rapidement un spécialiste qui pourra établir un diagnostic précis et rechercher la présence éventuelle de lésions associées.
Certaines lésions non diagnostiquées peuvent continuer à s’aggraver.
Si une intervention chirurgicale est nécessaire, elle devra être programmée au plus tôt car certains tissus lésés vont commencer à se retracter dans les jours qui suivent la blessure.
Le concept Urgence Sport Paris permet de diagnostiquer une luxation traumatique de rotule avec une confirmation par des examens d’imagerie et de proposer si nécessaire une prise en charge chirurgicale sans délais inutiles.
Anatomie du genou
La rotule ou patella est l’un des os du genou situé entre le fémur et le tibia.
Elle est enveloppé par le tendon patellaire (ou tendon. rotulien) qui relie le quadriceps (muscle à l’avant de la cuisse) au tibia.
La rotule coulisse dans la trochlée, une gouttière à l’extrémité du fémur.
Certaines malformations ou malpositions de la trochlée ou de la rotule ne guident pas suffisamment ce mouvement de coulissement ce qui favorise les luxations de rotule.
Anatomie du genou
La rotule ou patella est l’un des os du genou situé entre le fémur et le tibia.
Elle est enveloppé par le tendon patellaire (ou tendon. rotulien) qui relie le quadriceps (muscle à l’avant de la cuisse) au tibia.
La rotule coulisse dans la trochlée, une gouttière à l’extrémité du fémur.
Certaines malformations ou malpositions de la trochlée ou de la rotule ne guident pas suffisamment ce mouvement de coulissement ce qui favorise les luxations de rotule.
Comment se produit une luxation de rotule ?
Elle se produit le plus souvent au cours d’une activité sportive, au cours d’un brusque changement de direction.
Pied bloqué au sol, le corps pivote autour du genou et la rotule est tirée hors du rail trochléen par le muscle quadriceps.
La blessure peut être associée à une lésion du ligament fémoro-patellaire interne (MPFL), à une déchirure du muscle vaste médial (vastus medialis) et éventuellement à des lésions de l’os et/ou du cartilage.
luxation traumatique de rotule : le diagnostic
Le diagnostic repose d’abord sur l’examen clinique.
Le genou est douloureux, les mouvements de flexion et d’extension sont difficiles ou impossibles.
Un épanchement de sang dans l’articulation (hémarthrose) peut correspondre à une lésion de ligament.
Les radiographies vont permettre de confirmer le diagnostic, rechercher une fracture associée et rechercher de possibles malpositions ou malformations de la rotule et/ou du fémur, en particulier une dysplasie trochléenne.
L’IRM est nécessaire pour analyser les lésions de tissus mous, lésion du ligament fémoro-patellaire interne (MPFL), déchirure du muscle vaste médial (vastus medialis) et les lésions du cartilage …
Le scanner est utile pour vérifier la présence éventuelle d’un défaut d’alignement des os de la jambe qui pourrait être un facteur favorisant une luxation de rotule.
Luxation traumatique de rotule : quels traitements ?
S’il s’agit d’une première luxation, un traitement fonctionnel/conservateur sera indiqué :
- Rééducation
- Repos relatif, marche autorisé avec appui sous couvert d’une genouillère et de cannes anglaises.
- Cryothérapie
- Antalgiques
- Anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) si nécessaire
En cas de récidive, ou si le traitement médical ne permet pas de faire disparaître les douleurs et restaurer la mobilité du genou, une intervention chirurgicale pourra être proposée.
Dans la plupart des cas, il s’agira d’une réparation du ligament fémoro-patellaire médial (MPFL)
Evolution en l’absence d’un traitement efficace
Les récidives sont fréquentes et peuvent évoluer vers une instabilité chronique de rotule.
Cette instabilité peut à terme causer une arthrose de genou précoce et des lésions chroniques des ligaments et tendons.
La présence non diagnostiquée de fragments osseux ou cartilagineux à l’intérieur de l’articulation peut également causer des dégâts à la surface du cartilage du genou.
Reconstruction anatomique à double faisceau du MPFL
Cette technique utilise une autogreffe de tendon du Gracilis.
- On prélève le greffon de tendon du Gracilis (muscle de la cuisse)
- on prépare le tendon en le faufilant aux deux extrémités avec du fil de suture
- après repérages précis, on fore deux orifices dans la face médiale (côté interne) de la rotule
- on fixe successivement les 2 extrémités du greffon à la rotule à l’aide d’une ancre SwiveLock® placée dans les orifices forés dans l’os
- on repère avec précision l’emplacement du point d’insertion du tendon puis on perce un tunnel dans le fémur
- on passe le greffon à travers le tunnel
- on règle précisément la tension du greffon en mobilisant le genou, puis on fixe définitivement le greffon à l’aide d’une vis
Des gestes chirurgicaux complémentaires peuvent être effectués au cours de la même intervention pour :
- retirer ou refixer d’éventuels fragments osseux ou de cartilage arrachés au cours du traumatisme
- réparer d’éventuelles lésions du muscle vastus medialis
- corriger certaines malpositions de la rotule en rapport avec une dysplasie fémoro-patellaire : il s’agit en particulier de la transposition de la Tubérosité Tibiale Antérieure
L’opération en bref
Délai optimal pour une opération : une à deux semaines
Durée : 1 heure environ
Anesthésie : anesthésie générale ou loco-régionale
Type d’opération : chirurgie mini-open ou arthroscopique
Hospitalisation : ambulatoire (sortie le jour même)
Suites opératoires :
Kinésithérapie : plusieurs mois, débute à partir de J1 après l’opération
Reprise de la marche : le jour même, avec attelle chirurgicale articulée et béquilles
Reprise du volant : à partir de J15 (genou gauche) ou J30 (genou droit)
Reprise du travail : J15 (travail de bureau), J60 à J90 (travail physique)
Reprise du sport : 3 à 6 mois selon le type d’activité
délais très variables selon les patients et les techniques, donnés à titre indicatif
Luxation traumatique de rotule : récupération après l’opération
La technique chirurgicale de de reconstruction anatomique à double faisceau du MPFL permet une flexion active du genou entre 0˚ et 90˚ dès le premier jour post-opératoire.
La marche est possible avec l’aide de béquilles et avec une orthèse postopératoire verrouillée entre 0˚ et 90˚ de flexion qui devra être portée pendant 6 semaines.
La mise en charge peut être augmentée en fonction de la douleur.
après 6 semaines :
– on débute les exercices avec amplitude de mouvement complète
– on peut reprendre progressivement des activités sportives douces (footing ou cyclisme).
La reprise des activités complètes est autorisée à 12 semaines.
Quels sont les risques et complications d’une réparation du ligament fémoro-patellaire médial (MPFL) ?
Les plus fréquentes
Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul.
Une cryothérapie régulière permet de diminuer cet hématome.
Lorsqu’il est trop important et devient compressif, une évacuation chirurgicale est exceptionnellement nécessaire.
Une perte de sensibilité de la peau (hypoesthésie) peut persister dans la zone opérée.
Elle disparaît ou s’atténue le plus souvent avec le temps et n’entraîne pas de gêne fonctionnelle.
La phlébite peut survenir malgré le port de bas de contention et l’administration d’un traitement anticoagulant préventif.
Il s’agit d’un caillot qui se forme dans les veines des jambes, celui-ci peut migrer et entraîner une embolie pulmonaire.
Plus rarement
La cicatrisation des tissus dans le genou peut créer des adhérences ou des nodules de fibrose cicatricielle qui vont limiter la flexion ou l’extension et engendrer une raideur articulaire.
Une intervention d’arthrolyse arthroscopique est alors nécessaire afin de libérer le genou
L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris.
Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entraînant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur.
Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
La survenue d’une infection de l’articulation est exceptionnelle car le geste chirurgical est réalisé sous arthroscopie.
Néanmoins cette complication grave (révélée par de la fièvre, des frissons ou un écoulement cicatriciel) nécessite une reprise chirurgicale pour réaliser un lavage du genou ainsi que la prescription d’un traitement antibiotique prolongé.
Il vous est fortement déconseillé de fumer avant l’opération et pendant la période de cicatrisation,
Le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection, de phlébite et de mauvaise cicatrisation de la peau et du ligament croisé (majoration du risque de rupture).
Une rupture du ligament reconstruit est rare mais possible à la suite d’un nouveau choc.
Il est important de respecter les consignes post-opératoires donnés par votre chirurgien et par votre kinésithérapeute pour la reprise des activités sportives.
Le non respect des consignes peut conduire à des complications mécaniques.
Les nerfs et artères qui entourent le genou peuvent être accidentellement blessés.
Cette complication exceptionnelle peut occasionner une douleur, une perte de la sensibilité voire une paralysie de certaines parties de la jambe.
En cas de lésion artérielle, une chirurgie vasculaire peut être nécessaire.
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique.
Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce qu’il faut comprendre et accepter.
Votre chirurgien vous donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.
Pour la plupart des luxations traumatiques de rotule, un traitement conservateur est approprié.
Une chirurgie peut être nécessaire pour traiter des lésions associées ou corriger une malformation afin d’éviter les récidives.
Le traitement conservateur comme le traitement chirurgical doivent être suivi par une rééducation bien menée.
Pour les athlètes, il est important d’ajouter à leur programme d’entraînement des exercices de renforcement spécifiques pour éviter de nouvelles blessures du genou.
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Auteur :
Urgence Sport Paris
Dr Nabil Najihi, Dr Philippe Loriaut, Dr Yohann Knafo,
chirurgiens orthopédistes et traumatologues du sport spécialisés en chirurgie arthroscopique.
Image par planet_fox de Pixabay
Illustration BruceBlaus. Blausen.com staff (2014). « Medical gallery of Blausen Medical 2014 ». WikiJournal of Medicine 1 (2). DOI:10.15347/wjm/2014.010. ISSN 2002-4436., CC BY 3.0, via Wikimedia Commons adaptation française Dr Philippe Loriaut